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Le Trouble obessionnel compulsif (T.O.C.)
Vous souffrez de troubles obsessionnel-compulsif ou vous en avez souffert durant votre enfance ou votre adolescence. Si vous avez réussi à les surmonter, vous en avez gardé peut-être certaines traces, et vous vous surprenez quelquefois encore à agir de manière irrationnelle, automatique, bizarre.
Voici ici quelques éléments de compréhension de cette affection relativement fréquente qui vous aideront à mieux appréhender le trouble dont vous êtes, ou vous avez été atteint. Contrairement aux phobies, où le danger vient de l’extérieur, le danger dans le T.O.C. c’est le moi qui a comme rôle de se protéger lui-même ou les proches par ses obessions-compulsions.
Le T.O.C. représente un motif de consultation courant, car ils peuvent impacter de manière significative votre vie. Il figure au 4ème rang des affections après la dépression, les phobies et la dépendance aux substances psychoactives.
Le T.O.C. touche les hommes comme les femmes, mais est souvent plus précoce chez les hommes que chez les femmes.
Si vous souffrez de T.O.C, comme cette affection se retrouve rarement isolé, il se peut que vous souffriez également de troubles de l’humeur, comme la dépression, de phobies spécifiques (peur de prendre l’avion, de certains animaux...), de phobie sociale ou de trouble panique, ou encore de trouble bipolaire ? A moins que vous ne présentiez un trouble des conduites alimentaires ou addictif ?
Cette affection a différents niveaux d’intensité, elle peut aller de sévère, voire très sévère avec un impact dans le domaine social, relationnel et familial qui amène selon les cas une détérioration importante de votre qualité de vie et qui entraîne une grande souffrance.
Description des symptômes
On différencie deux grandes familles de symptômes qui sont liées, d’où l’appellation de trouble obsessionnel-compulsif, l’un n’allant pas sans l’autre :
1. Les obsessions
Celles-ci sont définies par la survenue répétitive et incessante d’une idée, d’une impulsion ou d’une représentation qui émane de l’activité psychique bouillonnante du sujet qui malheureusement ne parvient pas, malgré ses tentatives, à s’en débarrasser.
Les pensées obsédantes sont souvent considérées comme étrangères au sujet lui-même, voire sont en contradiction avec ses croyances et valeurs, ce qui renforce encore plus le malaise.
Le sujet est en alerte ; ayant peur de commettre un acte grave, s’il ne fait pas attention et n’arrive plus à contenir ses obsessions.
De quel type d’obsessions souffrez -vous ?
Vous allez probablement vous reconnaître dans les thématiques évoquées.
S’il existe une pluralité d’obsessions, on peut néanmoins dégager des sujets communs. Avez-vous peur de vous faire du mal, ou de faire du mal aux autres ? Ressentez- vous de la honte face à des idées sexuelles voire obscènes alors que vous êtes généralement pudique ou timide ? Etes-vous obsédé par des sujets qui tournent autour de la religion, du sacrilège ou de blasphème ? Etes-vous en proie à une lutte entre le bien et du mal, la moralité ou encore les thèmes sur la santé ou les germes vous obsèdent-ils ?
Ou êtes-vous obnubilé par la symétrie, l’ordre et l’exactitude qui peut être relatif à des objets familiers, comme des lunettes, des stylos… ou des actes, par la peur de ne pas dire ou faire exactement ce qu’il faut ?
Etes-vous soumis à des pensées « magiques » qui vous donnent le sentiment de pouvoir accomplir des désirs ou au contraire d’empêcher certaines situations ou de résoudre des problèmes par la seule pensée ? Vous sentez-vous capable de faire advenir le malheur de votre entourage comme si vous aviez le pouvoir de vie et de mort sur les autres ? Croyez-vous que votre seule pensée soit susceptible de provoquer ce qu’elle craint ?
2. Les compulsions
Ce sont des comportements répétitifs auxquels le sujet ne peut s’opposer efficacement, se sentant dans l’obligation de les accomplir. Ceux-ci sont le fruit de la lutte contre les obsessions. Leur finalité est de diminuer l’anxiété liée à l’envahissement des pensées obsédantes.
Les obsessions conduisent à des interrogations persistantes impliquant, de manière systématique à des actes compulsifs de vérification, à des rituels chronométrés et orchestrés, dont la durée va varier selon l’intensité du trouble dont vous souffrez.
Les différents types de compulsions ?
Vous allez probablement reconnaître certains des rituels auxquels vous vous astreignez parmi ceux décrits ci-dessous :
Etes-vous en proie à des conduites compulsives de vérification, d’ordre, de rangement d’objets s’accompagnant souvent de calculs compliqués. Devez-vous mettre dans un certain ordre les objets, marcher d’une certaine manière dans la rue et faire marche arrière si vous n’avez pas obéi à votre rituel ? Vérifiez-vous 10 fois, 20 fois vos actes, mêmes les plus courants de la vie quotidienne ?
Etes-vous soumis à des obsessions de contamination par les germes, la saleté, la crainte de contracter une maladie, qui vous oblige à vous laver les mains, de nettoyer votre appartement, de tout désinfecter ?
Ou êtes-vous soumis à une compulsion centrée sur l’accumulation/collection d’objets, de documents personnels ou non tels que des journaux, de la publicité, des papiers écrits…dont il est difficile de vous séparer, de par la croyance que ceux-ci contiennent des informations indispensables.
La compréhension des obsessions
Les obsessions peuvent provenir d’une exagération des conséquences supposées désastreuses ou des risques liés aux actions que vous avez la responsabilité de faire avec le sentiment permanent d’être dans l’erreur.
Les signes d’erreur que vous pouvez voir ou pensez percevoir dans certains de vos actes vont renforcer le doute obsessionnel vous amenant à vous ronger, à ruminer ou à vérifier en permanence.
L’incertitude, somme toute normale, des conséquences des actions que vous entreprenez (est-on capable de tout réussir !) génère chez vous beaucoup d’anxiété. Les compulsions deviennent les seules réponses comportementales que vous avez pu trouver afin de soulager cette anxiété.
Une fois les actes de vérifications accomplis, il se peut que vous ressentiez une forme de soulagement, voire de récompense mais qui reste très fragile. Le sentiment de faire une erreur revient rapidement avec les pensées obsédantes, qui sont de retour. Vous êtes alors en proie à un cercle vicieux dont vous ne pouvez plus sortir, et vous semblez condamné à réitérer à l’infini le processus « obsessions-compulsions ».
Origine du T.O.C.
L’origine du T.O.C est multifactorielle, dont une origine génétique.
Au niveau neurobiologique, il a été découvert, grâce à l’imagerie cérébrale, que plusieurs régions cérébrales des patients atteints de T.O.C présentent une activité anormalement élevée.
Sur le plan cognitif, ce trouble serait lié à un dysfonctionnement des fonctions cognitives avec une difficulté à s’adapter à de nouvelles situations et une fragilité émotionnelle. L’angoisse et comme réaction la compulsion, se déclenchent face à tout type d’évènement dont l’issue peut être incertaine mais que le sujet doit contrôler, par son comportement même si celui-ci n’est pas adapté.
Au niveau psychodynamique, ce symptôme s’origine dans un conflit psychique qui remonte à l’histoire infantile du sujet. Le T.O.C. se retrouve dans une structure obsessionnelle compulsive, telle que Freud l’a défini au travers de la névrose obsessionnelle. Les symptômes ont pour fonction de contenir l’angoisse liée au conflit entre désir et défense.
Traitements psychothérapiques
Ces anomalies peuvent disparaître sous l’effet d’une prise en charge thérapeutique habituellement proposées dans cette indication, à savoir antidépresseurs ou de thérapies cognitivo comportementales, ou psychocorporelles comme l’hypnose permettant le rémission complète ou la réduction des symptômes.
Dans ces techniques, il est d’usage de vous exposer à la situation anxiogène afin de vous aider à trouver d’autres solutions que le recours systématique au comportement compulsif conçus comme des stratégies d’évitement, afin de vous apprendre à faire face à l’anxiété, à apprivoiser les émotions suscitées par les obsessions et à développer votre efficacité personnelle et ressources face à celles-ci.
D’un point de vue psychodynamique, vous pouvez également vouloir comprendre les raisons de ces symptômes dont l’origine peut venir du passé, et vous entreprendre alors une psychothérapie d’orientation analytique.
Parmi les autres traitements psychothérapiques figure la thérapie cognitive qui s’adresse aux ruminations obsédantes en s’appuyant sur les techniques de restructuration des « schémas cognitifs » de danger et de catastrophe, modifiant progressivement les systèmes de croyances irrationnelles des patients avec TOC.